Le timbre du Rubab Kabuli

Image : représentation de trois sonogrammes A, B et C

S’il n’est pas aisé de définir le timbre du rubāb afghan, il n’en est pas moins reconnaissable. Si on accepte l’idée que l’instrument a été inventé au début du XIXe siècle, le timbre qui fait référence aujourd’hui n’est apparu que dans la deuxième moitié du XXe, on le doit en partie au musicien Mohammad Omar (1905-1980). Le luthier Juma Khan Qâderi de Kaboul, s’est fait connaître comme l’un des meilleurs artisans de son temps. Le timbre de ses instruments, entre les mains de Mohammad Omar, fait référence.

Le timbre du rubāb afghan tient à cinq éléments que sont :

  • une structure en bois de mûrier sculptée et évidée ;
  • une cavité complexe constituée de trois chambres ;
  • une peau de chèvre parcheminée et bien tendue ;
  • 3 cordes mélodiques en nylon ;
  • de 13 à 15 cordes sympathiques en métal.

 

Les cordes sympathiques participent grandement à la constitution du timbre de l’instrument. Elles doublent les notes émises par les cordes mélodiques, mais il est fréquent que d’autres cordes sympathiques se mettent également à vibrer (image sonogramme A). Les cordes sympathiques génèrent un halo sonore, une sorte de réverbération mécanique analogue à celle d’une grande salle vide. Cet effet est désigné par Charles Besnainou et Michèle Castellengo de « cathédrale » (Besnainou, Castellengo 1995 : p. 61). On aurait tendance à penser que la présence de cordes sympathiques augmenterait l’intensité sonore de l’instrument, mais dans les faits, il n’y a pas de différence significative (image sonogramme C). Le niveau d’intensité sonore est identique aux trois sonogrammes (image sonogrammes A, B et C). Le prolongement du son, désigné par « l’effet rebond », est d’une intensité bien plus faible que celle produite par la corde excitatrice.

Le timbre est également modifié par l’inclinaison en arrière du chevalet et par la forme et la matière du plectre. On note parfois la présence de coquille d’œuf vides et ouvertes situées à l’intérieure du résonateur, au niveau de la chambre inférieure. Le sens de cette pratique reste encore inconnu, mais, selon l’acousticienne Michèle Castellengo, ces coquilles d’œuf n’ont aucun effet sur l’acoustique de l’instrument. Enfin, le dernier élément, et non des moindres, reste le geste instrumental du musicien : son jeu de plectre conjuguais à l’action des doigts sur le manche complète le timbre du rubāb afghan.