L’origine du terme rubāb reste encore confuse, mais serait initialement liée aux luths à cordes frottées. Pour certains spécialistes, il aurait une origine arabe et serait affilié au mot rabba, que l’on traduit par « recueillir, arranger, rassembler ensemble », c’est le cas de l’ethnomusicologue britannique Henry George Farmer (Farmer 1931 : p. 100). Le sens de ce mot convient au geste instrumental qu’exécute l’archet passant sur les cordes et les unissant dans un son continu. Pour d’autres, le terme serait persan et n’aurait pas de sens précis. On rencontre aussi une explication ésotérique, construite sur les mots arabes ruh, « âme » et bāb « porte ». Ainsi, le mot rubāb voudrait dire « la porte de l’âme ». Si cette proposition évoque les écrits mystiques du poète Rūmi, elle n’en respecte pas pour autant la syntaxe de langue arabe : on dit « bāb al ruh » et non l’inverse. On rencontre plusieurs transcriptions du mot rubāb : rabāb, rebāb, rabōb, mais également rawap (auprès du peuple ouïghour). La transcription la plus usité en Occident est rubāb, prononcé de la manière suivante : le « r » est légèrement roulé, le « u » est prononcé à la manière d’un « ou », comme dans une « roue ». Enfin, le « ā » est prononcé presque comme un « o » fermé.
Depuis le XIVe siècle, le terme rubāb désigne la famille des luths d’Asie Centrale dont la table d’harmonie est constituée d’une peau parcheminée, elle provient généralement de la chèvre ou du chevreau. Les cordes sont ébranlées au moyen d’un plectre. Ainsi, il se différencie du r’bāb arabe ou maghrébin, qui sont tous deux des instruments à cordes frottées.
Adrian McNeil explique que les désignations « rubāb afghan » ou « Afghani rubāb » ne sont pas très anciennes, elles auraient été inventées par la population hindoustani pour différencier cet instrument, joué à cette époque principalement par les Afghans, de leur propre rubāb, celui désigné par le terme seniya, « seniya rubāb », que l’on rencontre dans le genre dhrupad. Adrian McNeil explique aussi, qu’avant l’invention du terme rubāb, l’instrument des Afghans était nommé sarod et ceux qui le jouent des sarodi. Il précise aussi qu’en Afghanistan, l’instrument était connu sous le nom surud [sarod] et non rubāb (McNeil 2004, pp. 28-30). Allyn Miner indique que le terme sarod apparaît dans la littérature qu’à partir de 1830 et qu’il était à cette époque impossible de différencier ces deux instruments (Miner, 1997, p.67). En étudiant les anciens sarod, ou rubāb afghan, des collections des musées, on constate qu’ils n’ont aucune différence. Il faudra attendre la deuxième partie du xixe siècle et l’apparition d’une touche en métal pour que le sarod se distingue définitivement rubāb afghan. Pour effacer toute filiation avec le rubāb des Afghans, les luthiers hindoustanis ont choisi de s’inspirer de la forme du rubāb seniya pour la production de leurs sarod.
Le terme sarod (selon la translittération la plus usitée en Occident) est dérivé du persan sorūd que l’on traduit par « hymne », « mélodie ». Il désigne encore de nos jours deux types de cordophone à manche : une vièle, jouée par les populations baloutches et pakistanaises (appelée également soruz), et le luth hindoustani que nous venons de voir.