Photographie : Représentation de l’Orchestre Kiliwāli Radio Afghanistan , autour de 1957
Le genre kabuli et l’invention d’une musique nationale
Depuis le milieu du 20e siècle, apparaît une nouvelle musique au format radiophonique désignée par le terme kiliwāli. Ce terme, d’origine pashtoune, peut-être traduit par « du village ». Ainsi, la musique kiliwāli voudrait dire « musiques du village ».
Ahmad Naser Sarmast et Abdul Wahad Madadi expliquent que ce terme est l’équivalent de mahalli, d’origine arabe est employé par les autres populations de l’Afghanistan. Les deux termes veulent dire la même chose, ils sont utilisés par l’ensemble des populations afghanes sans distinction. Toutefois, Ahmad Sarmast explique que l’usage de kiliwāli correspond à une volonté politique, à l’époque, de faire du pashtoun la langue officielle du pays. La généralisation du terme kiliwâli correspond également à l’apparition, dans la première moitié du 20e siècle, d’un genre musical nouveau, constitué d’éléments de musiques « du village ». Il s’agit d’une musique hybride constitué d’éléments structurels de différents répertoires mahalli : baloutche, hazāra, herati, ouzbek, tadjik et turkmène. S’agissant d’une musique composite et pour la distinguer du genre pashtoun proprement dit, j’ai choisi de la désigner par les termes « kiliwāli moderne ». L’emploie du terme kiliwāli dans cette nouvelle acception fût vraisemblablement l’œuvre de Radio Afghanistan. L’initiative d’une Radio nationale est apparue en 1928.
Pour mener à bien l’objectif « d’une musique nationale », les dirigeants afghans ont trouvé dans l’association d’éléments musicaux régionaux, le moyen de rassembler l’ensemble de la population afghane. Les musiciens de la radio collectaient des tarz-s, ou chansons traditionnelles, dans les différentes régions du pays. Ils les arrangeaient ces nouvelles musiques avant de les enregistrer et de les diffuser sur les ondes
En 1957, Ustād, titre donné à un maître, Mohammad Omar arrange des musiques mahalli pour son ensemble éponyme : « Orchestre Kiliwāli Radio Afghanistan ». À l’image du premier orchestre de Radio Afghanistan, l’ensemble d’Ustād Mohammad Omar rassemblait plusieurs instruments, tout en s’en différenciant par le fait qu’ils étaient tous nationaux : 3 rubāb, 2 tanbur (luth à long manche), 1 dutār (luth à long manche), 2 sarindā (une vièle), 1 dohl (tambour à deux membranes) et 1 zirbaghali (tambour à simple membrane).
Ustād Mohammad Omar s’est distingué par sa manière de jouer le rubāb afghan, notamment dans le style classique. Le style classique regroupe deux types de musiques : le naghma-ye klasik et le lariya (ou naghma-ye kashāl). Le terme naghma peut être traduit par « musique instrumentale ».
Les musiques Kiliwāli « modernes » et les musiques naghma-ye klasik et le lariya constituent la musique ou genre Kabuli, que l’on traduit par ou musique de Kaboul ou genre de Kaboul.