Photographie : L’atelier improvisé pour la restauration d’instruments
Passionné d’organologie, j’aborde mes recherches musicologiques à partir de l’instrument, avec un intérêt tout particulier pour son timbre. De par sa dimension sonore et symbolique, l’instrument de musique est un objet complexe . Il constitue un marqueur temporel et géographique significatif. En effet, l’instrument de musique présente à sa manière les différents changements intervenus dans l’histoire des sociétés et il est possible d’en apprécier les effets sur la production musicale. Mes recherches s’attachent donc à identifier et à comprendre ces évènements, et d’en observer l’interprétation qu’en font, au plan organologique et musicologique, les populations des aires géographiques étudiées.
La restauration d’instruments centrasiatiques constitue l’une des approches de ma méthode d’analyse ethnomusicologique. Cela permet de reconnaître le travail d’un luth et sa manière personnelle d’aborder la construction de ses instruments. En étudiant les différents matériaux rentrant dans la fabrication, j’ai pu constater qu’ils étaient communs à des aires géographiques : l’usage du plastic dans les éléments de décors correspond à l’approche de Herat, l’incrustation d’un fils de métal torsadé est fréquent chez les luthiers pakistanais, tout comme l’emploi du lapis lazuli. On voit apparaître depuis peu l’usage de matériaux modernes : colle blanche, colle cyanolite. L’assemblage des éléments en bois, voire même en peau, avec ces colles n’est pas toujours heureux. Il permet un travail plus rapide, mais en contrepartie, le montage n’est pas toujours réversible.
Les instruments restaurés, ainsi que certains de ceux qui ont participé à la réalisation de mes recherches, sont mis en vente. Les gains retirés permettent l’achat d’outils et de financer la continuité de mes études.